Un problème de surpopulation
La plupart des scientifiques l'admettent, la population humaine grandissante est un problème majeur. Et le professeur Goodall de le clamer : nous ne pouvons tenir la cadence. La population a augmenté de 5 milliards en un siècle seulement, soit une croissance de plus de 300%. Et pourtant, il est loin d'être au centre des débats comme il le devrait. Bien au contraire, les pays occidentaux s'affolent lorsque leur taux de natalité diminue.
La réalité est tout autre : pour sauver la planète, il faut, si on ne peut la diminuer, stopper la croissance humaine, et notamment sur les continents tels l'Afrique et l'Asie. Si cela n'arrive pas, tous les efforts du monde ne pourront venir à bout d'une surpopulation humaine en situation d’extrême pauvreté. Le schéma est tellement simple. Les populations africaines grandissantes ont un besoin évoluant en nourritures et habitations. Les territoires qui tentent d'être conservés par les naturalistes pour la faune sauvage seront un jour ou l'autre assaillis par ces populations si elles ne cessent de croître de cette façon.
Les programmes qui ont été menés jusqu'à présent, notamment par l'OMS (organisation mondiale de la santé) pour éduquer les populations locales au préservatif et aux autres moyens de contraception. Mais jusqu'à présent, ces méthodes n'ont pas semblé porter leurs fruits, la faute aux organisations religieuses qui repassaient derrière pour annuler l'effet de la campagne de sensibilisation, mais aussi aux croyances locales très ancrées.
Qu'on se le dise, pour lutter contre le braconnage, il est nécessaire de lutter contre la surpopulation humaine. Certaines ONG, dont l'Institut Jane Goodall, ont dans leur programme une partie consacrée à ce sujet et interviennent en ce sens auprès des autochtones.
Une pauvreté terrible
La pauvreté régnant dans la plupart des pays africains sert largement aux demandeurs de produits issus du braconnage.
D'une part une population pauvre signifie une population prête à tout pour se nourrir. Et donc une population qui vit au jour le jour et ne voit qu'à court terme car elle ne peut faire autrement. |
Pendant des années, les ONG des pays occidentaux ont tenté d'aider ces pays en leur distribuant de l'argent. On s'est rendu compte au bout d'un certain temps que cet argent était très mal distribué, voire gardé en totalité par les autorités. L'action était vaine. On se rend compte aujourd'hui qu'il ne faut pas les rendre dépendants d'une aide financière incertaine, mais bien les rendre indépendants. Depuis cette prise de conscience des ONG, de nombreux programmes ont été mis en œuvre dans ce sens. Par exemple, le Jane Goodall Institut a formé des personnes connaissant bien le territoire à être guide touristique, gardien de parc naturel, etc. Il s'agit de concilier protection de l'environnement et des animaux et conditions de vie humaine. C'est dans cette direction que doivent s'orienter toutes les décisions, à la fois de la part des autorités et des associations.
D'autre part une population pauvre est une population non éduquée (ou très peu). Or c'est la connaissance qui permet d'avoir une vraie réflexion, et notamment sur l'intérêt de préserver la faune et la flore. Avec une véritable éducation et de meilleures conditions de vie, les africains pourront prendre les décisions en toute connaissance de cause, et penser au long terme.
Une demande en hausse
Mais le problème initial qu'il faut régler de toute urgence est la demande des pays asiatiques (+90% de la demande). Car sans demande, pas de braconnage pour l'obtention de produits issus des animaux sauvages. Les demandeurs sont à la fois les classes très riches, pour qui avoir des objets en ivoire est une marque de luxe, et les classes moyennes, chez qui sont très ancrées les superstitions sur le pouvoir médicinal de certaines parties d'animaux sauvages. L'Institut Jane Goodall est présent sur tout le territoire asiatique pour justement éduquer ses populations à l'importance de préserver les animaux sauvages et démontrer les croyances à propos de ces animaux.
Si l'on parvient à freiner cette demande, ou du moins une partie, alors le braconnage devrait diminuer de façon importante. Chacun de nous peut en parler autour de soi, et au final avoir un impact. Comme dit le docteur Goodall « Chacun de nos actes peut changer les choses ».
Joanna Trouchaud |